Une tuile écoconçue qui valorise la pluie et le beau temps

Installée dans l’incubateur technologique d'IMT Mines Albi, Cactile a breveté un système de tuiles multifonctionnelles, capables notamment de collecter, stocker et distribuer l’eau de pluie, mais aussi de produire de l’énergie solaire ou de végétaliser les bâtiments. La jeune start-up est lauréate du Concours Les Inn'Ovations 2023 dans la catégorie "Innovation et transition écologique". Ce concours vise à encourager l’innovation, valoriser les porteurs de projet, promouvoir des produits, procédés ou services innovants proposés par des entreprises d’Occitanie.

“Nous travaillons à ce que la tuile s’installe sur la plupart des bâtiments, neufs ou anciens, et s’intègre pleinement dans les enjeux de renouvellement urbain. En optimisant l’usage des ressources naturelles que sont l’eau, le soleil et la végétation, nous voulons mettre les toitures au service de l’adaptation au changement climatique”, explique Jean-Baptiste Landes, le président de la start-up.

Cactile, la tuile écoconçue qui valorise la pluie et le beau temps, par jfages

Rencontre et interview avec Jean-Baptiste Landes, fondateur de Cactile

Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

equipe_cactile.jpg, par jfages

Je m’appelle Jean-Baptiste Landes, j’ai 42 ans, je suis marié et père de 3 enfants, qui me donnent mon énergie au quotidien (et qui m’en prennent un peu aussi… avouons-le !). Comme beaucoup d’entre nous, je m’inquiète des conséquences du changement climatique, notamment sur la ressource en eau. Mais comme je ne suis pas du genre à attendre que les choses se passent, j’ai imaginé une solution, baptisée « Cactile », afin d’accélérer l’adaptation des villes au changement climatique. J’avais déjà créé, en 2015, un service numérique d’aide à la gestion de l’eau à l’échelle de bassins versants, utilisé aujourd’hui sur plusieurs bassins hydrographiques en France. Le projet Cactile est une suite logique, à une échelle géographique plus restreinte, mais tout aussi pertinente : celle de la ville.

Pourquoi avoir choisi d'intégrer l'incubateur IMT Mines Albi ?

J’ai rencontré Philippe Farenc au cours d’un évènement organisé par la Région Occitanie. Il a été séduit par le projet Cactile et m’a présenté l’incubateur d'IMT Mines Albi en me proposant de candidater. J’ai trouvé cette proposition très intéressante, notamment parce que cela m’offrait la possibilité de me rapprocher du monde de l’ingénierie, alors que moi-même je ne suis pas ingénieur… juste un peu ingénieux !

Quels sont les avantages d'être accompagné par un incubateur technologique et particulièrement celui d'IMT Mines Albi ?

Le réseau IMT est un réseau prestigieux avec des compétences de pointe. Cela présente un double intérêt pour un projet tel que Cactile : cela facilite l’accès à des moyens techniques et humains qui doivent nous permettre d’arriver plus rapidement à une solution aboutie, tandis que l’image de marque de l’IMT crédibilise notre projet aux yeux d’autres partenaires.

À IMT Mines Albi, Martial Sauceau, enseignant-chercheur au Centre RAPSODEE UMR CNRS 5302 nous accompagne. Il nous conseille et nous ouvre les portes au sein du réseau IMT (et ailleurs) en fonction des besoins du projet. Par ailleurs, les équipes de l’incubateur sont formidables et tout à fait dans leur rôle d’accompagnement à l’innovation, en nous orientant vers des solutions et en essayant de nous épargner au maximum de toutes les contraintes qui peuvent freiner l’émergence du projet.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet Cactile ?

Le projet Cactile est né au croisement de plusieurs constats : premièrement, l’augmentation des températures sur Terre peut être limitée si on ralentit profondément notre rythme de consommation de biens et services, mais elle est malheureusement inévitable. Deuxièmement, la disponibilité de l’eau est la conséquence la plus importante de l’augmentation de la température de l’air. Troisièmement, les villes, qui sont le lieu d’habitat naturel de l’homme, en tant qu’animal social, sont particulièrement vulnérables à cause de l’imperméabilisation des sols et de l’utilisation excessive de matières minérales (mais attention, écologiquement, il vaut mieux habiter en ville qu’à la campagne !). Enfin, quatrièmement, une ville est avant tout un ensemble de bâtiments, c’était vrai hier et ça le sera encore demain, alors pour transformer la ville, il faut transformer les bâtiments.

Avec Cactile, nous développons un support qui permet d’utiliser l’enveloppe des bâtiments (toitures et façades) pour fournir à la ville les services dont elle a besoin pour sa transition écologique : gestion et récupération des eaux de pluie, développement des énergies renouvelables, végétalisation, biodiversité… Nous voulons transformer le bâtiment sans avoir à tout casser pour tout reconstruire, ce qui serait une catastrophe écologique. Cactile est une solution d’adaptation rapide au changement climatique, sur le plan individuel et collectif.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le Prix que vous avez reçu ?

Cactile a obtenu le prix de la catégorie « transition écologique » au concours Les Inn’Ovations, organisé par la Région Occitanie. Pour nous ce prix a une grande valeur. Une valeur symbolique déjà, puisque c’est le premier concours que nous remportons. Par ailleurs, c’est plus qu’un simple concours, car nous bénéficions d’un accompagnement de grande qualité en matière de communication et car cela permet de mettre en place un lien durable entre le projet, la Région et ses partenaires. Notez d’ailleurs que nous sommes déjà référencés comme fournisseur par la Direction de la Commande Publique de la Région Occitanie, pour la transformation des bâtiments de la collectivité. Enfin, l’argent que nous avons gagné à ce concours va nous aider à financer ce projet ambitieux, déjà soutenu par l’Ademe, l’Office Français de la Biodiversité, Initiative Tarn et Créalia.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour l'avenir ?

D’atteindre nos objectifs, tout simplement. Si on y parvient, tout le monde sera gagnant car nous devrions limiter l’impact des phénomènes qui s’annoncent… on l’espère, et c’est ça qui nous guide !