Conférence en ligne sur l'impact de la Covid-19 sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur, la recherche et l'innovation

Mercredi 7 avril, en cette journée mondiale de la santé, IMT Mines Albi vous invite à participer à une conférence en ligne sur le thème de l'internationalisation de l'enseignement supérieur.

07 April 2021

Conférence en ligne sur

« Covid-19 : quel impact sur l’internationalisation de l’enseignement supérieur, la recherche et l'innovation ? »

Mercredi 7 avril à 18H30

animée par Sébastien LINDEN,
expert dans le management et l'internationalisation de l'enseignement supérieur,
fondateur de Linden & Swift

LIEN D'INSCRIPTION

 

Échanges avec Sébastien LINDEN

Près d’un an après le premier confinement, et la réduction drastique des mobilités internationales, la Direction des Affaires Internationales souhaite offrir à ses bénéficiaires des perspectives claires quant aux possibilités d'internationalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche. En effet, alors que les critères d’ouverture internationale sont régulièrement mis en avant dans les classements internationaux, comment conjuguer mobilité et crise sanitaire ? Dans le monde d’après qui commence à s'ouvrir à nous, l’international sera-t-il uniquement virtuel ? La pandémie contraindra-t-elle les institutions à délaisser les obligations de séjour à l’étranger pour les étudiants, contraindra t'elle les chercheurs à communiquer exclusivement "en ligne" le fruit de leur travail ?

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international_dai.jpg, par jfages

Pour apporter des éléments de réponse à ces questions, Philippe LOURS et Alexis CARRIERE de la Direction des Affaires Internationales d'IMT Mines Albi invitent Sébastien LINDEN le mercredi 7 avril pour échanger avec vous à l’occasion d’une conférence suivie d’un débat.

Sébastien LINDEN, fondateur de Linden & Swift, affiche 19 années d’expérience dans le management et l’internationalisation de l’enseignement supérieur. Après des études en affaires publiques à Sciences Po Paris et à l’Université Paris Dauphine, il a contribué par ses différentes responsabilités à faire de Sciences Po Paris une Université leader mondial en sciences sociales, classée aujourd’hui 2ème en science politique et relations internationales par le classement mondial des universités QS.
 

Bonjour Sébastien. Pour débuter cette interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

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photo_sebastien.jpg, par jfages

Bonjour, je m'appelle Sébastien Linden, j'ai 46 ans, j'habite à Grenoble, une ville que j'ai choisie pour son environnement naturel exceptionnel et son dynamisme. En 2019, j'ai fondé une société de conseil et formation dédiée à l'internationalisation de l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation. Je travaille à la fois pour des établissements français, afin de les accompagner dans leur stratégie internationale, et pour des institutions étrangères, auxquelles j'apporte un appui dans des projets avec la France et l'Europe. Je m'intéresse également aux stratégies pour l'innovation dans l'enseignement supérieur et aux écosystèmes d'innovation.
 

Vous êtes consultant en internationalisation de l'éducation, quel est votre parcours ?

Depuis 20 ans, mon parcours me fait évoluer dans le monde de l'enseignement supérieur et, progressivement, je me suis spécialisé sur la question de l'internationalisation. J'ai eu le plaisir de travailler dans deux très belles institutions. Tout d'abord Sciences Po Paris, pendant 14 ans, où j'ai occupé différents postes : chargé de mission auprès du Directeur, Secrétaire général de l'Ecole doctorale, Responsable d'une mission de conseil pour la création d'une Grande Ecole au Maroc, Responsable des affaires internationales pour le Maghreb et le Moyen-Orient. Ensuite le Ministère des affaires étrangères où j'ai dirigé, pendant 4 ans, le service de coopération scientifique et universitaire de l'ambassade de France en Israël. Je partage aujourd'hui mon expérience comme consultant et formateur et je continue à observer attentivement l'évolution des stratégies internationales dans l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation.
 

L'année précédente a constitué un véritable tournant pour les projets de mobilité des étudiants. Selon vous, quelles sont les tendances à venir ?

Les mobilités ont considérablement ralenti. Quand on réfléchit à leur reprise, il y a deux tendances importantes à prendre en compte. Tout d'abord, la mondialisation se déploie davantage sous la forme d'une régionalisation, avec des mobilités plus proches, et, pour ce qui nous concerne, un retour à l'Europe. Ensuite, dans un contexte difficile, au-delà du discours sur la coopération, la concurrence entre établissements et systèmes d'enseignement supérieur va être de plus en plus rude.

Par ailleurs, la crise mondiale que nous vivons et le ralentissement des mobilités ont conduit à réinterroger le sens de l'internationalisation des universités et Ecoles, avec une question qui devient encore plus centrale : comment préparer les étudiants à vivre et travailler dans un monde globalisé ? Sur la base de cette réflexion se développe "l'internationalisation à domicile" qui met l'accent sur l'acquisition des compétences internationales et interculturelles pour tous les étudiants.
 

Au-delà des mobilités, quelles peuvent être les alternatives pour nos étudiants en vue d'acquérir des compétences internationales ?

Beaucoup d'établissements se sont engagés dans des "mobilités virtuelles" avec des étudiants qui suivent les cours d'une université partenaire en ligne. Mais si on réfléchit aux compétences recherchées, de multiples initiatives peuvent être prises : séminaires conjoints entre professeurs de différents pays, formation à la communication interculturelle, enseignement sur des sujets globaux et internationaux, utilisation de ressources pédagogiques internationales et comparatives, projets avec des organisations et des entreprises étrangères, évènements de nature internationale et interculturelle sur le campus et dans le territoire, renforcement de la place des langues étrangères...
 

Pensez vous que la crise du coronavirus sera de nature à repenser l'internationalisation des établissements ESR, par exemple en se focalisant sur des partenariats moins nombreux et des alliances plus stratégiques ?

Je constate effectivement que certains établissements conçoivent leur développement international dans des partenariats moins nombreux et des alliances plus stratégiques. Ce positionnement leur donne plus de visibilité et de réactivité en cas de crise. La situation actuelle renforce cette tendance que l'on a pu observer ces dernières années, notamment en France dans le succès des "Universités européennes".

D'autres établissements, au-delà d'un discours général sur le développement international, considèrent qu'il y a d'autres priorités que l'international en période de crise. Leur politique internationale devient alors simplement l'addition des initiatives de leurs différentes composantes. Pour moi, la principale question est l'impact de ces stratégies sur l'évolution des établissements. L'internationalisation est-elle limitée à un champ précis ou bien touche-t-elle l'institution dans son ensemble et contribue-t-elle à sa transformation ?

En matière d'internationalisation de la Recherche et de l'Innovation mais également de l'Enseignement Supérieur, des zones géographiques privilégiées se dessinent-elles dans le monde ?

L'émergence de nouvelles puissances régionales qui veulent s'affirmer dans le le monde de l'enseignement supérieur, comme la Turquie, l'Arabie saoudite et surtout la Chine, d'une part, et la tendance à des mobilités plus régionales d'autre part, réduisent la domination des pays traditionnels dans l'accueil des étudiants internationaux, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, l'Allemagne ou la France. En matière de recherche, de grands pays comme la Chine mais aussi l'Inde ou le Brésil développent leur production scientifique et renforcent sa qualité, modifiant les hiérarchies entre pays. Ces évolutions conduisent à un rééquilibrage de la carte mondiale de l'enseignement supérieur et de la recherche.

En matière d'innovation, les territoires les plus performants restent l'Europe, certains pays d'Asie (Corée du Sud, Singapour, Japon), les Etats-Unis et Israël, qui développent des écosystèmes performants, combinant l'engagement des universités, des multinationales, des start-ups, des incubateurs, des pouvoirs publics et des fonds d'investissement. Mais il est intéressant d'observer comment la Chine se mobilise de plus en plus dans l'innovation.
 

Vous nous faites l'honneur de présenter une conférence à IMT Mines Albi, nous vous en remercions. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi et quels en sont pour vous les enjeux ?

Je suis ravi d'intervenir sur tous ces sujets à IMT Mines Albi. Je souhaite que cette conférence soit l'occasion de soulever des questions, de partager des expériences et de confronter des points de vue. Pour les étudiants, ce sera une opportunité qui s'ajoute à toutes les initiatives prises par l'école pour réfléchir au monde globalisé dans lequel ils travailleront. Pour le personnel, le corps professoral et la direction de l'école, ce sera une occasion de mettre en perspective sa stratégie internationale, claire et ambitieuse, dans le nouveau contexte que nous vivons.